Pour les Impeccables, il y a treize preuves concrètes à ce jour : treize livres donc. C’est déjà un monde. Aux temps de la dématérialisation de l’écrit, il n’est pas anodin de vouloir qu’un livre connaisse le vertige de la matière, du sens et du sensible, impeccablement. Les yeux, la tête (le cerveau), les doigts, le nez et les oreilles, même, – ces qualités de corps requises pour saisir l’objet matériel et mental qu’est un livre – peuvent alors s’ouvrir et ouvrir à la présence du libre. Mais cela passe d’abord et toujours par des individus qui pensent et sentent ce qu’ils vivent, et l'écrivent. Naïf, éculé de dire cela ? Non, c’est moderne : mots, phrases, invention, incarnation, et au final, la grâce d’un livre réussi. C’est justement le « programme » des Impeccables. Naturellement, comme « maison d’édition », les Impeccables publient ce qui leur semble y correspondre le plus précisément, sans exclusive ni préalables, dans une forme de générosité donc, mais consciente, exigeante. On aimerait parler, pour résumer, de dandysme, si ce mot n’était devenu un passe-partout vulgaire. Pour le dire autrement, les Impeccables regardent et agissent : chats ou parfois tigres, rhinocéros ou moro-sphinx, taureaux ou papillons. Ainsi poursuivent-ils la fête de l’inconnu.